EXCLU - Trevis Dago : « J’ai toujours été un mort de faim » | OneFootball

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·17 mars 2025

EXCLU - Trevis Dago : « J’ai toujours été un mort de faim »

Image de l'article :EXCLU - Trevis Dago : « J’ai toujours été un mort de faim »

La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l’ombre. Prêté par le LOSC au FC Annecy, Trévis Dago se fait les dents dans les Alpes. Une pige remarquée puisque l’attaquant de 20 ans se met régulièrement en valeur. Joueur à fort potentiel, le gamin de Valenton rêve grand pour la suite de carrière. Récit plein de fraîcheur.


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Enfance

Comment s’est déroulée ton enfance ?

J'ai grandi en banlieue parisienne, dans le 94, à Valenton, avec mes deux grands frères, ma mère ainsi que mon père qui est décédé quand j’avais 15 ans. On vivait dans un quartier qui s’appelait les « Aulnettes ». Il y avait deux chambres dans l’appartement, une chambre pour mes frères et moi et une chambre pour mes parents. Ma mère était préparatrice en pharmacie, mon père était taxi.

Tu étais quel type de garçon ?

Déjà, je n’avais pas le foot en tête. C’est mes anciens coachs qui mont fait aimer le foot. Quand j’ai commencé à vraiment comprendre le foot, j’ai aimé le foot. Et dès petit, j’avais cette mentalité de combattant. J’ai commencé le foot à 12 ans, mais avant ça, je faisais du futsal de temps en temps. Sinon, je n’ai fait aucun autre sport. J’ai toujours été un garçon agité, mais à l’école, j'avais de bons résultats. On disait que je bavardais beaucoup, mais je participais aussi beaucoup. J’ai arrêté l’école après avoir raté mon bac STMG. Je pensais trop au foot. Si je n’avais pas eu le foot, je n’aurais pas lâché par contre.

Tes frères jouaient également au foot ?

Mes deux grands frères faisaient du foot. Le plus grand a arrêté, mais le deuxième continue. Il joue à Paray en R2. Il joue pour le plaisir. Je me souviens de notre cohabitation à trois dans la chambre (rires). Entre garçons, parfois, il y avait des mésententes. C’est logique. Mais ça va, on avait notre petit équilibre. Et puis, moi, je suis parti assez tôt, à l’âge de 15 ans, à Auxerre.

Tu as donc commencé le foot à Valenton et très vite, tu as compris que tu avais des capacités, n'est-ce pas ?

C’est ça. Je me suis rendu compte que j’avais un petit niveau. Par exemple, j'étais déjà rapide et costaud. J'étais déterminé. J'avais déjà, plus ou moins, les qualités pour aller au-dessus. Et surtout, j’avais faim, je savais ce que je voulais. Voilà ce qui a créé un déclic en moi.

Tu rejoins ensuite Créteil.

Exactement, j’ai effectué deux saisons à Valenton avec Tarik. On a fait des tournois, plein de matchs, on a rencontré de bonnes équipes, on a même été en Espagne. Je suis resté une saison à Créteil, j’étais surclassé avec les U15 R1. Ce n’était pas simple de jouer avec des joueurs plus âgés. Mais c’était important pour ma progression de me frotter à de meilleurs joueurs. J’ai bien appris durant cette saison. Au départ, j’apprenais à jouer sur le grand terrain, car avant ça, je jouais sur une moitié de terrain. Ensuite, quand je me suis adapté, tout s’est mieux passé. Mais je savais déjà que j’allais rejoindre l’AJ Auxerre, je m’étais engagé avec eux...

Auxerre

Tu n’as pas eu de mal à quitter le cocon familial ?

C'est toujours dur de se retrouver loin de sa famille. En réalité, c’est une question de mental. Si tu es déterminé à réussir, tu t’adaptes, car tu veux avancer, même si t’es loin des tiens. Et parfois, ça fait du bien de se retrouver tout seul, comme ça, tu sais ce que tu as à faire.

Comment ça s’est passé à Auxerre ?

Quand je suis arrivé à Auxerre, j’avais déjà acquis les bases : contrôles, passes, jongles. Mais j’avais encore plein de choses à apprendre, à 15 ans, on doit découvrir plein de trucs, comme le pressing à la perte. Mais ça, je l’ai appris seulement lorsque j’étais en réserve. Et puis, là, j’étais dans une structure professionnelle. J’avais passé un cap. J’allais à l’école en même temps. Techniquement et physiquement, j’ai bien progressé à l’AJA. Finalement, j’ai effectué cinq saisons à Auxerre. Je suis arrivé à 14 ans et j'en suis reparti après ma deuxième année U19. J’ai toujours joué ailier, sauf la dernière saison, en Gambardella, on m’a mis numéro 9. J’ai mis plusieurs buts décisifs et le LOSC m’a repéré à ce moment-là.

Pourquoi ne pas avoir signé professionnel à l’AJ Auxerre ?

Plusieurs clubs me proposaient un contrat professionnel dont Lille, mais pas Auxerre. L'AJA me proposait un contrat stagiaire pro. J’ai donc étudié tous les projets. Et ce qui m’a plu au LOSC, c’est qu’ils ont vu que j’étais un numéro 9. Ils ont réellement décelé mon potentiel. Ils voulaient vraiment me développer en tant qu’attaquant de pointe, et surtout, ils m’ont promis de bien me développer tactiquement. Car à Auxerre, je n’avais pas assez travaillé sur ça. Lille me proposait une vraie formation tactique pour faire de moi un joueur complet. L’approche sportive de Lille était vraiment intéressante. Ils comptaient me sortir de ma zone de confort, c’était risqué mais important pour moi. Eux ne voulaient pas simplement miser sur ma vitesse et ma puissance. J’ai accepté cette difficulté pour progresser. Et on a fait un gros boulot pour que je m’adapte à ce poste de numéro 9.

Lille

Tu étais content de signer ton premier contrat pro à Lille ?

Exactement. J'étais content de signer mon premier contrat pro. J’ai ensuite fait la préparation avec les pros, mais comme j'avais encore des choses à travailler, j’ai été en réserve pour apprendre le style de jeu du LOSC et reprendre les bases de leur jeu. Et à la mi-saison, je suis remonté avec les pros avant de réaliser mes débuts.

Comment imaginais-tu ton premier match avec les pros ?

Pour ma part, tout s’est fait par surprise. Les jeunes montent souvent avec les pros pour aider à l’entraînement quand il manque des joueurs. Moi, à chaque fois, je jouais avec la dalle, je me disais : « On ne sait jamais, j’aurais peut-être ma chance ». Un jour, lors d’une veille de match, le coach m'a convoqué dans le groupe. J’étais content, c’était ma première avec le groupe, face à Toulouse. Pour un joueur de 18 ans, c’était top.

Tu n’avais pas la pression ?

Non, j’arrive à gérer la pression, je ne suis pas quelqu’un de stressé.

Comment as-tu vécu cette première ?

Je suis entré en jeu avec la dalle. C’est ce qui me caractérise le mieux. J’ai toujours été un mort de faim. Je suis donc entré avec détermination. Je pense que c’est ce que le coach Fonseca a aimé. Il a d’ailleurs dit dans une interview que cette entrée me reflétait bien.

Et ensuite, tu délivres ta première passe décisive avec les pros, c'est bien ça ?

D'abord, j'ai fait un bon match contre Toulouse. Après, on a joué contre Reims, je suis entré à la 90ᵉ minute. Et ma première passe décisive a eu lieu face au Stade Rennais, à domicile. J’ai vécu tout ça quelques mois après mon arrivée. Tout a été plutôt vite pour moi. J’ai travaillé pour. Je me suis bien intégré. Quand je suis monté avec les pros, je savais ce qu’il fallait faire.

Comment était le coach Fonseca ?

Très bien. Je parlais beaucoup avec ses adjoints, ils me donnaient plein de conseils. Ils m’expliquaient comment me placer, comment presser, comment jouer si on était en bloc haut quand on perdait ou en bloc bas quand on gagnait. Ils me donnaient de nombreuses consignes, et surtout, ils voulaient que je sois toujours déterminé. Fonseca insistait sur les déplacements, il m’envoyait des vidéos de Jonathan David pour que je comprenne ce qu’il fallait faire. Il prenait vraiment le temps avec moi, il me donnait de l’attention. Il me parlait souvent des « zones fantôme » notamment. À l’entraînement, parfois, il arrêtait la séance pour m’expliquer les choses. C’était vraiment positif. Lors d’une conférence de presse, il a dit beaucoup de bien de moi, et ça m’a mis en confiance.

FC Annecy

Pourquoi avoir rejoint Annecy ?

Je suis un jeune joueur, j’ai besoin de temps de jeu. Je voulais enchaîner les matchs, et Annecy me proposait ça. Donc j’ai accepté le challenge. Je sentais que ça allait être compliqué à Lille, j'avais besoin de m'étoffer. J'avais besoin d'améliorer des trucs. Le projet d’Annecy me plaisait, en plus.

Quel est ton bilan avec Annecy pour le moment ?

Déjà, c’est toujours bien d'être totalement intégré dans un vestiaire professionnel. Il y a des anciens, des jeunes, un coach qui fait de la vidéo. Enchaîner les matchs, c’est positif pour moi. Je veux continuer à grappiller du temps de jeu, pour revenir à Lille avec un certain bagage.

Tu as déjà inscrit quatre buts, as-tu des objectifs ?

Je me suis fixé la barre des 10 buts. Et pourquoi pas plus (sourire).

Ça fait quoi de mettre ses premiers buts en professionnel ?

C’est toujours une satisfaction. Marquer en pro, c’est une belle réussite. Je ne me relâche pas, je persévère, je continue à bosser pour atteindre mes objectifs, car ils sont élevés. Il faut toujours voir grand pour aller le plus loin possible.

À Lille, qu’as-tu appris avec des joueurs comme Rémy Cabella ou Jonathan David ?

C'est toujours positif de jouer avec ces grands joueurs. Tu as cité Cabella et David, mais il y en a plein d’autres dans le groupe. J’ai appris à leurs côtés, je les ai observés car ce sont des joueurs d’expérience. Ils m’ont bien intégré au groupe. On se parle de temps en temps, on se suit sur les réseaux. Ils ont toujours été tops avec moi. Mention spéciale à Nabil Bentaleb, il m’a pris comme son petit frère, il m’a vraiment aidé.

Comment juges-tu le niveau de la Ligue 2 ?

C’est un niveau plutôt coriace. C’est un championnat avec beaucoup d’intensité, ça court beaucoup, les joueurs sont des compétiteurs, les gars visent plus haut, c’est positif et excitant.

Personnalité

Qui est Trevis Dago dans la vie de tous les jours ?

Je suis quelqu'un de souriant. Je suis sociable, poli. J'aime bien parler aux gens, découvrir les gens. Je suis un travailleur. Et j’ai un gros mental. En dehors du foot, j’aime bien jouer à la play, à Call Of, Fifa et Fortnite. Je joue souvent avec mes frères.

Tu vis seul, comment ça se passe ?

On apprend à vivre seul, ça s'apprend parce que ce n’est pas simple, surtout à 19/20 ans. Il faut deux-trois mois d’adaptation, ensuite, on s’y fait. Désormais, je gère plutôt bien.

En dehors des jeux vidéos, tu as d’autres passions ?

Non, je suis un mec casanier. Soit les jeux vidéos, soit je vais au club pour bosser et faire du renforcement musculaire. Je ne sors pas beaucoup.

Comment arrives-tu à te concentrer ?

Moi, c’est le football et rien d'autre. Tu ne me parles pas de soirée, de bringue ou quoi. Je mange équilibré. De temps en temps, je me fais plaisir. Une fois par semaine, je me fais une pizza. Sinon, je fais attention, je n’abuse pas de ce genre de choses.

Tu as perdu ton père assez jeune, comment as-tu vécu ça ?

C'est toujours difficile de perdre un membre de sa famille. C’est triste, mais je vois ça comme une force. Ça me fait dire que j’ai un gros mental. Et qu’il faut que je me batte pour mes proches, pour ma mère, pour mes frères, c’est important. Je me bats pour moi et aussi pour eux. Mon père me parlait souvent de son passé de footballeur, de ses exploits, de ce qu’il faisait quand il jouait en Côte d’Ivoire. Il m’a dit qu’il avait déjà marqué du milieu de terrain. Il aimait regarder les matchs.

Comment ta mère et tes frères voient ton début de carrière ?

Ils sont derrière moi, ils sont contents pour moi. Quand tu commences en professionnel comme ça, tu as besoin de soutien, celui de ta famille, de tes agents, de tes proches.

Style de jeu

Comment définirais-tu ton jeu ?

Je suis un joueur très rapide, je peux prendre la profondeur ou garder le ballon dos au but. Je suis un joueur puissant avec un bon jeu de tête, je saute haut. J’ai une bonne détente et une bonne frappe de balle. J’ai aussi des aspects à améliorer comme le dernier geste, mon coffre, ma capacité à répéter les efforts.

Tu as toujours joué attaquant ?

Quand je jouais à Auxerre et chez les jeunes, je jouais sur les côtés, à droite, à gauche. Et à partir de U19, j’ai commencé à jouer numéro 9.

Quels sont les joueurs que tu apprécies ?

Mon exemple, c’est Didier Drogba. C'est un joueur que j'aime beaucoup. Je me vois un peu en lui, dans sa façon de jouer, comment il est déterminé, comment il prend la profondeur, son jeu de tête. Je m'inspire beaucoup de Drogba. Je regarde beaucoup ses vidéos.

Qui t’a fait découvrir Didier Drogba ?

Comme je suis Ivoirien, j’ai directement accroché avec lui. Les parents en parlaient, les grands frères et les grands cousins aussi. Je l’ai vu jouer à la CAN, en Côte d’Ivoire, à Chelsea. J’aimerais bien le rencontrer un jour d’ailleurs, si possible.

Pourquoi ce style de coupe de cheveux ?

C’est mon style. Sur le terrain, je suis un joueur foufou, énergique. Et cette coupe, elle va bien avec mon style de jeu foufou. Mais ça, il faut le savoir pour le comprendre (sourire). Par exemple, quand je cours, mes cheveux bougent et ça s’apparente à une personne qui a de l’énergie à revendre.  Avec ma coupe, j’ai encore plus ce côté foufou.

Quel est ton objectif pour cette fin de saison ?

Cartonner et revenir à Lille pour m’imposer la saison prochaine.

Conclusion

Tu as des rêves ?

Jouer la Ligue des Champions. Quand j'entends la musique, ça me donne des frissons. Gagner des trophées, gagner de l'argent aussi. Ce qui est logique. Et que ma famille soit bien.

Si tu n'avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

J'aurais été agent de sécurité. J’aime les agents de sécurité. J’aime bien leur attitude, en position méchante. Ça rajoute un rôle, un délire. J’aime trop (rires).

Si tu pouvais bénéficier d’un super pouvoir, lequel choisirais-tu ?

Celui d’être magicien, de faire des tours de magie. Par exemple, tu transformes un billet de 100 euros en 200 euros.

Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Travis Dago ?

Je lui demanderais : « Quel est ton club de cœur ? ». Je répondrais : « Chelsea, car Drogba a joué là-bas. C’est la base. Ce n’est pas mon club préféré, mais c’est mon club de cœur ».

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

Une phrase que mon père répétait souvent : « Never Give Up » qui veut dire « N’abandonne jamais ».

Si tu devais te noter pour cette interview, tu te mettrais combien ?

Je dirais 8 sur 10, je me suis trouvé relâché, j’ai dit ce que j’avais à dire.

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