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·19 Maret 2025
[Interview Girondins4Ever] Cédric Hengbart (Blois) : « Chaque match est une dernière chance pour eux. S’ils font une contre-performance, ça sera quasiment terminé »
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·19 Maret 2025
Nous l’avions interviewé avant le match aller (score final 1-1). Ancien défenseur professionnel passé par Auxerre et Caen, Cédric Hengbart sera l’entraineur d’en face vendredi, celui du Blois Football 41, lui qui a supporté les Girondins de Bordeaux étant plus jeune. Un grand merci à lui pour le temps qu’il nous a accordé une fois de plus, son discours toujours aussi vrai, et sa connaissance du football.
AFP PHOTO / NICOLAS TUCAT (Photo by NICOLAS TUCAT / AFP)
On s’était parlé au match aller, Blois était 4ème et les Girondins 8ème. Aujourd’hui vous êtes 10ème avant cette rencontre. Que s’est-il passé depuis ?
Pas grand-chose en fait. Déjà Bordeaux a eu ses deux matchs en retard donc ça leur a permis de repasser un peu devant tout le monde à un moment donné. Puis nous, on va dire qu’on a été un petit peu contre-performants au mois de Février. Ça a été compliqué aux mois de Décembre et Janvier à gérer avec les installations d’entraînements qu’on a eu et qui étaient vraiment très, très compliquées. Donc on a alterné entre synthétique et herbe mais ça nous a complètement changé notre projet de jeu et on s’est un peu perdus parce qu’on a dû s’adapter continuellement aux conditions. On s’est un petit peu perdus dans notre jeu donc on essaye de retrouver un équilibre. Ce n’est pas encore totalement ça, on est un peu sur un fil. Si toutes les équipes ont un passage à vide dans la saison ? C’est clair, c’est le lot de toute équipe et encore plus avec nous parce qu’aujourd’hui on a un effectif de 16 à 18 joueurs maximum. On ne peut pas aller piocher en-dessous donc c’est vrai que dès qu’il y a un peu de méforme, c’est compliqué parce que tu ne peux pas faire tourner comme ça, tu ne peux pas faire jouer totalement la concurrence. C’est le lot des petits budgets entre guillemets. Mais c’est clair que quand on regarde toutes les équipes c’est un peu pareil. C’est ce que j’ai dit aussi à mon groupe, c’est que sur cette première partie si on compte le nombre de points, on a le même nombre de points qu’au match aller. Aux matchs aller on avait La Roche, qu’on va jouer en fin de saison. Donc on avait trois points de plus grâce à ce match à La Roche mais vu qu’on ne les a pas encore rejoué, je ne le compte pas dedans. Sur les équipes qu’on a rencontrées depuis les matchs retour on a le même nombre de points donc ce n’est pas non plus catastrophique. C’est juste que derrière ça gagne, Saumur qui a battu Bordeaux la semaine dernière, Châteaubriant qui a battu Saumur cette semaine, donc ça va vite derrière. Maintenant, grâce au bon début de saison on est à 5 points du maintien et on n’est qu’à trois points de la 6ème place donc c’est vraiment un championnat très serré.
L’objectif annoncé en début de saison était le maintien. C’est sans doute toujours le cas avec seulement 5 points d’avance sur Saumur, premier relégable. Mais est-ce qu’on regarde tout de même plus haut dans ce championnat très serré ?
On regarde en haut, on sait qu’on n’est pas très loin. Maintenant l’objectif principal, c’est ce que je dis depuis un mois et demi à mes joueurs, c’est que plus vite on va se sauver, plus on aura une fin de saison sympa. Donc si on avait été un peu plus performants on aurait quasiment pu être sauvés en venant à Bordeaux, mais on ne l’a pas fait. Donc aujourd’hui c’est vraiment l’objectif, c’est d’arriver aux 34-35 points le plus rapidement possible. Après on aura peut-être trois ou quatre matchs en fin de saison qui seront un peu plus tranquilles entre guillemets au niveau de la pression. Maintenant, tant qu’on ne les a pas, tant qu’on n’a pas fait une victoire, on est à la merci des autres équipes. Si on regarde le calendrier un tout petit peu plus loin, après Bordeaux on a Saumur et Châteaubriant qui vont arriver. Ce sont des concurrents directs. Si ce sont des matchs à six points comme on dit ? Voilà, ces matchs-là on les coche. Bordeaux, ça nous permettrait d’avoir un matelas d’avance sur ces équipes-là. Maintenant on sait que si on se rate à Bordeaux on a des échéances qui vont être plus importantes derrière.
Lors des dernières journées vous avez notamment tenu tête à Saint-Malo (1-1), aux Herbiers (1-1), Locminé (2-2) et donc Bourges (1-1), mais vous avez perdu contre des équipes moins bien classées (Granville et Dinan-Léhon). Comment expliquez-vous cela ?
Je pense à un manque d’équilibre, un manque de concentration. Sur ces mois de Janvier et Février j’ai des grosses lacunes de concentration et de contre-performances de joueurs cadres. Ce qui fait que comme à Dinan on a quasiment 70% de possession de balle et ils ont trois frappes en première mi-temps, ils marquent trois buts. Donc à chaque fois ça a fait mouche. Pour moi ça a été le meilleur match de la saison avec ballon mais il y a trop de carences de concentration derrière et à chaque fois on le paye cash. Contre Bourges la semaine dernière, on a voulu rectifier le tir, on a été un peu plus défensif mais on a pris un rouge au bout de deux minutes de jeu donc ça a changé encore plus la donne. On s’est vraiment concentré contre Bourges, sur le fait de bien défendre et j’ai délaissé un petit peu le côté avec ballon. On essaye de trouver un peu l’équilibre en ce moment entre le fait d’aller à l’offensive à fond, marquer des buts mais en prendre encore plus, et on défend trop. Il faut qu’on arrive à trouver un peu ce juste milieu.
Vous restez sur un match nul 1-1 face à Bourges, qui est l’une des équipes en forme actuellement, en étant réduits à 10 dès les premiers instants. Que retenez-vous de cette rencontre ?
On a très, très bien défendu. C’est vrai que j’avais perdu un peu ça de la part de mon groupe, un peu cette faculté à se transcender, à se dépasser, à courir pour les autres. Je l’avais un peu perdu sur les derniers mois donc c’était là-dessus que j’avais axé. C’est vrai que j’ai retrouvé une équipe conquérante, une équipe qui s‘est arrachée. Pour venir nous marquer un but, ça a été vraiment compliqué et il a fallu que Bourges emploie pas mal de choses, notamment sur le but qu’ils marquent. En plus, il y a une petite faute sur notre défenseur. Si c’est rageant ? Ouais, après, je ne mets pas le match nul là-dessus parce que Bourges le méritait ce match nul. Mais j’ai retrouvé une équipe conquérante, des joueurs qui avaient envie de s’arracher pour l’équipe. Donc c’est pour ça qu’aujourd’hui je suis content par rapport à ça.
Au match aller il y avait eu 1-1 et Bordeaux était revenu dans le match. Qu’est-ce qu’il avait manqué à votre équipe pour conserver ce but d’avance ?
Un peu de réussite (sourire) parce que sur le but que Bordeaux marque il y a un gros faux rebond au moment où mon défenseur veut dégager. Donc c’est c’est un peu ça, un peu de maîtrise de fin de match, d’expérience encore une fois. On avait mis un plan Andy Carroll, qui avait super bien fonctionné mais on voit que les grands joueurs arrivent toujours à s’en sortir dans les matchs où ils n’ont pas un seul ballon (sourire). Une erreur, une faute d‘inattention fait qu’il arrive à marquer. Donc un petit peu de manque d’expérience, manque de maîtrise un peu des fins de matchs parce que même lors de la fin de match, à partir du moment où Bordeaux a égalisé, j’ai trouvé qu’on avait un petit peu perdu le fil. Bordeaux était revenu dans la partie et on était plus sur du 60/40 pour Bordeaux sur le dernier quart d’heure. C’est vrai qu’il faut un petit peu gérer. On donne beaucoup sur les débuts de matchs et là j’ai du mal à retrouver un peu ces fins de matchs, avec des remplacements qui impactent un peu moins peut-être qu’en début de saison. C’est peut-être un peu ça qu’il nous a manqué.
Les Girondins restent sur quatre défaites de suite en championnat et n’avancent plus. Est-ce que c’est le meilleur moment pour les prendre ?
Est-ce qu’il y a un bon moment ou un mauvais moment ? Je ne sais pas. On peut dire pour eux que c’est la dernière chance entre guillemets. Chaque match est une dernière chance pour eux. S’ils font une contre-performance, ça sera quasiment terminé. Donc on sait que là aujourd’hui c’est nous, la semaine prochaine ce sera Saint-Pryvé contre eux. On sait qu’en fait ils ont le couperet au-dessus de la tête donc c’est pour moi une chance entre guillemets. Mais ça va dépendre de comment ils vont être dans le match, dans quel état d’esprit. Est-ce qu’ils vont douter ? Après, ils ont quand même beaucoup de joueurs d’expérience du haut niveau donc normalement ils doivent savoir gérer ces situations-là, quoi que. Nous on va venir défendre ce qu’on sait faire. Encore une fois, on n’a pas grand-chose à perdre. Comme je l’ai dit, on a un maintien à aller chercher le plus vite possible. En cas de mauvais résultat notre saison n’est pas finie, alors qu’eux, en cas de mauvais résultat la saison est quasiment terminée dans les objectif du club. Donc c’est vrai qu’on sait que peut-être que plus le match va avancer, plus on va tenir le 0-0, le match nul, plus ils vont devoir se découvrir parce que pour eux, il n’y a qu’une victoire qui peut compter.
Comment voyez-vous cette rencontre ?
Je vois un Bordeaux qui, comme depuis le début de saison, joue beaucoup sur les coups de pied arrêtés. Ils marquent énormément sur corner et sur du jeu long, donc on va s’attendre à ça. Maintenant je pense, et c’est ce que j’ai dit à mon équipe, plus le ballon est loin de notre surface, mieux c’est. Donc l’objectif va être quand même d’éviter d’avoir Carroll dans la surface avec un jeu de tête.
Cette rencontre de vendredi sera à huis clos, un avantage ou un inconvénient selon vous ? On sait que l’ambiance à Bordeaux pouvait apporter de l’énergie positive ou au contraire impressionner les joueurs.
Ni l’un, ni l’autre. Je pense que le fait d’avoir de l’ambiance peut transcender des joueurs, même de notre côté. C’est vrai que quand il y a une ambiance, ça met en match vraiment quelque chose d’important et des joueurs comme les nôtres, qui n’ont pas l’habitude de ces ambiances-là, ça peut nous permettre de nous transcender. On l’a vu, il y a beaucoup d’équipes qui arrivent à faire des très belles performances à Bordeaux grâce à ça. On voit dans les résultats qu’aujourd’hui il y a quand même quelques équipes qui ont réussi à gagner à Bordeaux donc le Matmut n’est pas imprenable. Donc c’est ni l’un, ni l’autre. Ce qui va être embêtant encore une fois c’est encore une fois le match à huis clos, où il n’y a pas d’ambiance, il n’y a rien, c’est vide, c’est creux. Je trouve que ce n’est pas le football et il va falloir qu’on trouve des solutions. Mais de faire des matchs à huis clos ce n’est pas une solution et personne n’a à y gagner, ni les clubs, ni les joueurs. Aujourd’hui les joueurs jouent au foot pour être un peu dans une ambiance, dans une euphorie, dans une fête, peu importe que ce soit à Bordeaux ou dans d’autres stades. On aurait bien aimé participer à un endroit où ça sent le foot, où il y a de l’ambiance. Ce sont des matchs à enjeux. Là, je pense même que c’est plus un handicap pour eux au niveau de la motivation parce que c’est vrai que des matchs comme ça, nous on a peut-être un peu plus l’habitude à Blois où il n’y a pas grand monde. C’est vrai que ça sonne creux, pour moi ce n’est pas du vrai football.
Pensez-vous qu’avec le retard pris, les Girondins peuvent monter cette saison ?
Ils ont six points de retard sur Saint-Malo. Si Saint-Malo gagne et que Bordeaux perd, ça fera neuf points à sept journées de la fin donc ça fera quand même beaucoup et il y a d’autres équipes qui sont entre deux. Ça ne serait pas complètement fini. S’il reste Bordeaux – Saint-Malo à jouer ? Ouais, mais ça voudrait dire que Saint-Malo aurait le droit à l’erreur contre Bordeaux et garderait leurs six points d’avance. Encore une fois, tous les points de retard et qui ne sont pas pris, c’est difficile de les rattraper. Bordeaux avait fait le plus dur en revenant et en passant devant Saint-Malo mais c’est vrai que là, avec ce qu’ils ont fait, avec quatre défaites de suite, ce n’est pas digne d’une équipe qui peut monter. Normalement, une équipe qui monte à notre niveau, en général elle a quatre défaites dans la saison. Heureusement que c’est un championnat très, très serré et que ça ne va pas se jouer très, très haut, au niveau des points. Dans d’autres poules, on va voir que le premier aura trois ou quatre défaites maximum. Donc avec quatre défaites de suite, ça veut quand même dire qu’il a manqué quelque chose à cette équipe de Bordeaux. Maintenant ce n’est pas fini, dans le football on sait très bien qu’il peut se passer plein de choses au dernier moment. Ils peuvent leur manquer trois points à la fin et à la dernière journée ça peut tourner. Je ne peux pas m’avancer dessus, j’ai tellement vu de choses qui changent dans le football que ce serait dur de le dire. Mais en cas de défaite de Bordeaux et de victoire de Saint-Malo, ça serait quand même bien compliqué.
C’est vrai qu’on ne comprend pas trop pourquoi la machine bordelaise s’est enrayée depuis quatre matchs…
C’est peut-être aussi que les équipes adverses observent Bordeaux et mettent des plans contre Bordeaux. Puis on sait qu’un match se joue à peu de choses, des fois un but à la dernière minute, un coup-franc. Là, on a vu qu’à Avranches il y a eu un penalty à la dernière minute donc ça se joue à peu de choses. Ça peut être à l’inverse et c’est vrai que les derniers matchs où ils ont gagné aux mois d’Octobre-Novembre, ça a souvent bien tourné à la fin. Il y avait souvent des buts dans les dernières minutes qui faisaient basculer les matchs du bon côté. Là c’est un peu l’inverse. Il faut dire que les équipes, comme je l’ai dit, observent un petit peu Bordeaux et savent un peu comment Bordeaux joue sachant que c’est un peu toujours la même équipe. C’est vrai que leur jeu est rarement modifié quand même. Si le jeu est un peu stéréotypé ? Après, c’est le lot de l’entraîneur de décider ou pas. Peut-être que lui ça lui convient. C’est vrai qu’aujourd’hui je pense que tout le monde le voit, il y a beaucoup de jeu direct sur Carroll alors qu’il y a quand même des joueurs autour et sur les côtés, qui peuvent faire de vraies différences.
En tant qu’entraîneur de Blois, il vaut mieux voir les Girondins ou Saint-Malo monter en N1 ?
Vous savez, il peut se passer encore plein de choses. Vous le savez autant que moi que dans l’éventualité où Bordeaux ne monte pas, il peut se passer plein de choses. Il y a un tribunal de commerce aussi qui est en jeu. Je pense que la montée de Bordeaux est importante pour le club en lui-même. Maintenant, que ce soit Bordeaux ou Saint-Malo qui gagne, on ne pense pas spécialement à la prochaine, on se concentre déjà sur notre saison. Je suis pour que l’équipe qui gagne le plus de points sur le terrain monte, puis après, tant mieux pour celui qui finit premier.
Peut-être que certains verraient d’un bon œil la montée des Girondins pour laisser un peu plus de chances la saison prochaine ?
Ce n’est pas une question de chances ou pas de chances. C’est vrai qu’aujourd’hui, quand on regarde le budget de Bordeaux et le budget des autres équipes du championnat… Les budgets, les joueurs… Quand je regarde le CV de mes joueurs et que je regarde le CV des joueurs de Bordeaux, on est vraiment dans deux mondes différents. C’est vrai qu’on se dit des fois qu’ils n’ont rien à faire dans ce championnat avec cet effectif-là, même les infrastructures, etc… Quand je vois les photos ou les vidéos des entraînements, si je vous montre les photos et les vidéos de nos entraînements, vous allez rigoler. Nous ça fait vraiment entraînement de district au niveau des conditions. C’est vrai qu’on n’est pas dans le même monde mais encore une fois, on partira dans le championnat. S’il y a Bordeaux il y a Bordeaux et s’il n’y a pas Bordeaux, il n’y aura pas Bordeaux c’est tout. On verra en temps voulu.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la fin de la saison ?
Déjà le maintien rapidement et puis continuer à faire le jeu qu’on a produit en première partie de saison où on a fait des supers matchs. Après, qu’on ait gagné ou pas gagné, ça m’importe peu, même si je préfère gagner. Quand on met les ingrédients pour essayer de gagner déjà, c’est mieux et je trouve qu’on a fait des super matchs. On a aujourd’hui montré des séquences de circuits de passes et de jeu qui étaient, je pense, dans les meilleurs de ce National 2. C’est pour ça que j’aimerais un maintien rapide pour valider ce qu’on a fait et continuer à produire du jeu comme on l’a fait, jusqu’au bout. Maintenant, on sait que si on n’arrive pas à se maintenir assez rapidement, il va y avoir de la tension qui va commencer, de la pression, des matchs à enjeux et ça peut modifier un peu certaines personnes, certains joueurs. J’ai quand même envie qu’on puisse garder cette connexion de jeu que j’ai essayé de créer depuis le début de saison, depuis trois ans et qui s’est trouvée sur le terrain.
Un grand merci une fois encore à Cédric pour sa disponibilité et nous lui souhaitons de se maintenir au plus vite avec son équipe.